Le silence de la pratique méditative du yoga

La nature enseigne l’expérience de la profondeur du silence et révèle l’importance du calme réparateur d’où naît une détente paisible. Elle montre un chemin progressif qui mène pas à pas de la vallée du bruit captivant de la vie quotidienne aux sommets d’un silence bienfaisant. La clarté profonde du moment présent révèle les multiples aspects et la beauté du calme. Dans une pratique méditative, les fruits menant au calme intérieur, à la détente et à la tranquillité profonde se manifestent.

Il existe plusieurs formes de silence. Le silence presque effrayant après une tempête, quand il semble que la nature s’arrête pour reprendre son souffle. Le silence qui plane dans l’air après une violente dispute, lourd et presque étouffant. Et le silence qui sommeille, caché au plus profond de soi et qui ne demande qu’à être découvert. C’est précisément ce silence intérieur que l’on souhaite trouver en se retirant dans la nature et en s’adonnant à une pratique méditative. Le silence profond qui s’élève du plus profond de soi pendant une pratique méditative de yoga et qui assouplit et détend ainsi pas à pas l’ensemble de l’être. Un silence dans lequel la joie et le bonheur intérieur exultent et se révèlent à travers le vrai soi. Cette félicité intérieure ne connaît pas de limites, elle est infinie et sans frontières dans l’espace et le temps.

L’homme moderne et très occupé a particulièrement besoin d’une forme de calme intérieur et de silence pour percevoir ses propres sentiments, émotions et pensées. Il s'agit de s’entraîner sur la voie du yoga à la gestion consciente et à l’acceptation des multiples facettes des sentiments, des émotions et des pensées. Cet entraînement favorise l’assouplissement et le relâchement d’aspects profondément cachés, sur lesquels plane souvent un voile sombre. Lever progressivement ce voile ouvre la voie à l’expérience profonde du silence auquel on aspire.

Dans un monde plein de bruit et de distractions numériques, il est important de se créer des espaces de silence intérieur, des espaces et des créneaux horaires dans lesquels le calme et la détente peuvent s’épanouir. Les innombrables informations perçues quotidiennement par les organes sensoriels véhiculent des messages et des nouvelles, éveillent des besoins et créent des aspirations extérieures.

Les informations deviennent alors des attentes, des souhaits et des espoirs, mais aussi des peurs, des soucis et des classi fications mentales et des jugements de valeur. Ces pensées aux multiples facettes tournent sans cesse et bruyamment dans notre tête, nous poussent à bout, nous bouleversent émotionnellement et nous rendent intérieurement agités.

Le poids des pensées peut non seulement surcharger mentalement, mais aussi avoir un effet confus. En conséquence, il peut être difficile de prendre des décisions claires, car, tiraillé entre les nombreuses options et possibilités, la clarté disparaît. Et le flot de pensées intérieures peut rendre sourd à sa propre voix intérieure. Cette voix intérieure qui, par nature, devrait apporter clarté, sécurité et confiance.

Mais même au milieu de l’agitation, du bruit et du tumulte, il est possible de ressentir et de percevoir un profond désir de silence.

Les gens traversent régulièrement des phases au cours desquelles un désir inhérent de calme s’élève du fond du cœur. Mais il est souvent difficile d’ouvrir la porte au silence tant désiré et de le laisser entrer dans la vie.

La pleine conscience, la méditation et l’aspect méditatif du yoga offrent une voie profitable pour trouver le silence intérieur et faire l’expérience de l’état d’immobilité.

Une signification importante du silence est cachée dans la racine du mot, qui est dérivé de «stilli» dans l’ancien bon allemand. Le silence désigne linguistiquement l’absence de bruit ressentie, l’absence de tout bruit, mais aussi l’absence de mouvement. Et dans le langage courant, un silence de mort est l’augmentation de tout cela.

Lorsqu’une mère allaite son enfant, il en résulte une immobilisation affectueuse de l’enfant affamé en pleurs. L’enfant repose heureux dans les bras de sa mère et trouve une paisible quiétude. Même à l’âge adulte, le silence profond calme les voix extérieures incessantes qui informent, rappellent et invitent.

Soudain, l’espace s’ouvre à la voix intérieure et aux canaux de communication subtils avec soi-même. Le silence mental signifie s’arrêter, plonger le regard et l’attention focalisés vers l’intérieur et rester paisiblement dans cet état de samatha.

Dans de nombreuses traditions et enseignements spirituels, la recherche et la pratique du silence jouent un rôle central. Au début du christianisme, les pères du désert se retiraient déjà dans des lieux isolés pour y trouver, par l’ascèse, le précieux silence intérieur. Dans le judaïsme, l’islam, le bouddhisme et d’autres traditions, des personnes ont également tenté d’atteindre le silence spirituel par la retraite et le pèlerinage, mais aussi par la récitation, la prière, le chant, la danse et des méthodes de pratique silencieuses. Il est intéressant de noter que les pratiquants des traditions les plus diverses font état d’expériences similaires de silence et de leur importance dans la pratique quotidienne d’exercices de concentration.

Le silence intérieur repose sur un état de calme mental qui est indépendant des influences extérieures et qui est également appelé «samatha» dans la tradition de méditation bouddhiste. Dans la pratique de la pleine conscience et de la méditation, l’entraînement de l’esprit à l’expérience du silence est important.

Le silence intérieur se développe et grandit avec la profondeur de la pratique méditative. En effet, lorsque les pensées s’apaisent grâce à l’unicité, un silence remarquable s’installe dans l’esprit. Si le mental est bien entraîné, il est possible à tout moment de déterminer sur quoi l’esprit doit être orienté. Sera-t-il dirigé vers le silence intérieur ou vers le bruit et les sons extérieurs ? Celui qui apprend à regarder en profondeur et à comprendre quelles qualités le silence déploie dans le moment présent développe l’état de paix profonde jusqu’à la réalisation.

Une petite expérience symbolise l’effet du silence sur un esprit agité et confus:

«Prends un verre d’eau dans lequel tu verses un peu de sable et de terre. Remue l’eau avec une cuillère, le sable et la terre se mettent à tourbillonner et l’eau devient trouble et opaque. Laisse maintenant reposer le verre pendant un certain temps et tu pourras observer comment le sable et la terre se déposent. L’eau qui se trouve au-dessus devient claire et la surface de l’eau se calme complètement.»

C’est exactement cet effet qu’une pratique méditative de yoga et la méditation Samatha ont sur l’esprit. Lorsque l’esprit est concentré, le corps suit le rythme de son mouvement et de l’immobilité à partir de son propre centre. À partir du silence du soi, le caractère naturel de la tension et de la détente, de l’attachement et du détachement est guidé vers un état paisible. Le silence issu de la concentration est la pierre angulaire pour expérimenter et vivre les valeurs et les qualités profondes du yoga et de la méditation par la pleine conscience. Le silence a un aspect précieux qui ne devrait jamais manquer dans la vie.

Ce ne sont pas les histoires et les contes de fées qui devraient parler de ce précieux silence, mais la vie elle-même. Les expériences pratiques et de la vie devraient être des révélateurs du silence et de ses qualités en nous.

Article publié dans Les Cahiers du Yoga no 49

Le premier pas avec le yoga, la méditation et la pleine conscience commence par un alignement intérieur et focalisé : «Personne ne peut construire le pont sur lequel je marche sur le fleuve de la vie, personne d'autre que moi-même.